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n’est essentiellement que le besoin d’effectuer des mouvemens propres à le soustraire aux causes de sa destruction. Les mouvemens de l’animal tendent tous directement ou indirectement à sa conservation[1].

Ceux d’entre les animaux à qui leurs premiers besoins commandoient le plus de mouvemens,

    alors à chercher que le repos, vous le verrez quitter pour agir cette demeure où vous pensez avoir réuni tous ses besoins. On pourroit même dire que quand l’animal se livre au repos, il n’obéit ordinairement pas à un besoin effectif, mais que seulement il se trouve alors sans besoins présens. Il cesse d’agir quand il n’éprouve plus le besoin direct ou indirect du mouvement, comme il cesse de manger quand il a pris assez d’alimens. Le besoin d’action me paroît autant, et peut-être plus souvent, positif que celui du repos. Ces deux modifications du besoin universel sont également nécessaires dans leur principe, mais plus ou moins directes accidentellement.

  1. Lorsque jeune et encore peu developpé, il semble, en se jouant, agir sans but, par ces mouvemens présentement inutiles il préparé ses organes aux mouvemens qui lui seront nécessaires. Lorsque, plus âgé, il se réveille pourtant encore de son repos avec une sorte d’inquiétude, et se met à errer sans autre besoin autour de sa retraite, il prévient le relâchement et l’engourdissement de ses organes ; il se meut pour ne pas perdre la faculté de se mouvoir.