suspend sa lumière douteuse. Le voile vaporeux laisse au matin le silence de la nuit et la paix des ténèbres, et nous nous éveillons libres du poids des heures écoulées, et incertains même s’il faut déjà vivre ou si nous reposons encore. Automne ! doux soir de l’année, tu soulages nos cœurs attendris et pacifiés, tu portes avec ; nous le fardeau de la vie !
Toi seule fais oublier et les plaisirs du printemps et la splendeur des étés. Cet espoir séduisant, ce charme nouveau, tout ce délire expansif des premiers beaux jours ne valent pas, ô automne ! ta simple et paisible volupté. Ces nuits éclairées du solstice, cette durée des jours, cette profusion et de vie et de lumière, l’été dans sa puissance et toute sa splendeur, ne vaut pas, ô automne ! la simplicité de tes dons, cette douce température, ce silence ineffable et des cieux calmés et de la terre mûrie et reposée. Que le jeune cœur, avide d’amours et d’illusions, se livre dans son enthousiasme aux erreurs du printemps, je ne veux pas le détromper : l’ombre du bonheur s’est retirée sous le voile ; il ignore la vie et s’ignore lui-même ; qu’il jouisse longtems : pour moi je t’aime, douce et mélanco-