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D’Iverdun.

J’ai joui un moment de me sentir libre et dans des lieux plus beaux : j’ai cru y trouver une vie meilleure ; mais je vous avouerai que je ne suis pas content. A Moudon, au centre du pays de Vaud, je me demandais : Vivrais-je heureux dans ces lieux si vantés et si désirés ? mais un profond ennui m’a fait partir aussitôt. J’ai cherché ensuite à m’en imposer à moi-même, en attribuant principalement cette impression à l’effet d’une tristesse locale. Le sol de Moudon est boisé et pittoresque, mais il n’y a point de lac. Je me décidai à rester le soir à Iverdun, espérant retrouver sur ces rives ce bien-être mêlé de tristesse que je préfère à la joie. La vallée est belle, et la ville est l’une des plus jolies de la Suisse. Malgré le pays, malgré le lac, malgré la beauté du jour, j’ai trouvé Iverdun plus triste que Moudon. Quels lieux me faudra-t-il donc ?

De Neuchâtel.

J’ai quitté ce matin Iverdun, jolie ville, agréable à d’autres yeux, et triste aux miens. Je ne sais pas bien encore ce qui peut la rendre telle pour moi ; mais je ne me suis point trouvé le même aujourd’hui. S’il fallait différer le choix d’un séjour tel que je le cherche, je me résoudrais plus volontiers à attendre un an près de Neuchâtel qu’un mois près d’Iverdun.

De Saint-Blaise.

Je reviens d’une course dans le Val de Travers. C’est là que j’ai commencé à sentir dans quel pays je suis. Les bords du lac de Genève sont admirables sans doute, cependant il me semble que l’on pourrait trouver ailleurs les mêmes beautés, car, pour les hommes, on voit d’abord qu’ils y sont comme dans les plaines, eux et ce qui les