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mollesse et la force de la nature. Il semble que notre industrie ait disposé des choses primitives sans changer leurs lois, et qu’un empire si facile ne connaisse point de bornes. Voilà tout l’homme.

Ce grand toit, ce couvert dont vous voyez que je suis très-content, a sept toises de large, et plus de vingt en longueur sur la même ligne que les autres bâtiments. C’est en effet la chose la plus commode : il joint la grange à la maison ; il ne touche point à celle-ci, il ne communique avec elle que par une galerie d’une construction légère, et qu’on pourrait couper facilement en cas d’incendie. Voiture, char à bancs, chars de travail, outils, bois à brûler, atelier de menuiserie, fontaine, tout s’y trouve sans confusion, et l’on peut y travailler, y laver, y faire toutes les choses nécessaires sans être gêné par le soleil, la neige ou la boue.

Puisque je n’espère plus vous voir ici que dans un temps reculé, je vous dirai toute ma manière d’être. Je vous décrirai toute mon habitation, et peut-être il y aura des instants où je me figurerai que vous la partagez, que nous examinons, que nous délibérons, que nous réformons.

LETTRE LXXXIII.

24 septembre, IX.

J’attendais avec quelque impatience que vous eussiez fini vos courses ; j’ai des choses nouvelles à vous dire.

M. de Fonsalbe est ici. Il y est depuis cinq semaines, il y restera : sa femme y a été. Quoiqu’il ait passé des années sur les mers, c’est un homme égal et tranquille. Il ne joue pas, ne chasse pas, ne fume pas ; il ne boit point ; il n’a jamais dansé, il ne chante jamais ; il n’est point triste ; mais je crois qu’il l’a été beaucoup. Son front réunit les traits heureux du calme de l’âme, et les