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quent le titre de brahmanes, et sont, en un sens, unifiés par ce nom, sont en réalité partagés en une foule de sections parfaitement distinctes, dont chacune possède les caractères et les organes qui définissent la caste. Nous parlons couramment de la caste brâhmanique ; c’est les castes brâhmaniques qu’il faudrait dire. Nous enveloppons dans un seul terme générique des castes multiples qui ont chacune leur individualité. Les aveux de Manou à propos des brâhmanes dégradés prouvent qu’il faisait exactement de même. Alors comme aujourd’hui, le nom de brâhmanes ne les embrassait que comme un titre honorifique commun. Le Mahâbhârata déclare quelque part[1] que le fils d’un brâhmane est brâhmane, de quelque origine que puisse être sa mère. La contradiction avec les règles de Manou n’est pas nécessairement si irréductible qu’elle semble d’abord : quoi que prétende la théorie, on peut rester brâhmane tout en changeant de caste.

Regardons autour de nous. Les Râjpouts d’aujourd’hui, les clans militaires de l’Inde occidentale, ont la prétention de correspondre, — ils correspondent par le rang et la profession, — aux Kshatriyas du système. Est-ce à dire qu’ils

  1. Anuçâsanap., 2515, cité par Kern, loc. laud., p. 42.