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ne forment qu’une seule caste, ou qu’ils ne soient que le morcellement progressif d’une caste unique ? Nous avons constaté au contraire que, jusque sous nos yeux, des castes qui n’y ont aucun titre s’arrogent tel nom qui représente pour elles un avantage social. Pourquoi le cas serait-il nouveau ?

Nous touchons ici du doigt la situation vraie : les noms de Brâhmanes, de Kshatriyas de Vaiçyas, de Çûdras, représentent, non pas quatre « castes » primitives, mais quatre « classes ». Ces classes peuvent être fort anciennes. C’est seulement par la suite qu’elles ont été superposées aux castes. Différentes de nature et d’origine, les vraies castes ou les organismes dont elles sont issues étaient, dès le début, bien plus fractionnées et bien plus nombreuses.

Seule, cette explication rend compte de la discordance qui éclate entre la théorie et les faits. C’est ici que la comparaison des textes iraniens prend tout son prix. Entre les quatre pishtras iraniens et les quatre varnas hindous, la symétrie est tout à fait significative[1] : les Athravas ou prêtres correspondant aux Brahmanes, les Rathaesthas ou guerriers aux Kshatriyas, les Vâs-

  1. Cf. encore Ludwig, Rig Veda, III, p. 243-4.