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en put prendre l’apparence, non pas seulement pour nous, mais peu à peu aux yeux mêmes des Hindous. Inutile d’ajouter que, arrivé à ce point, et dans l’âge des formations secondaires, où l’usure de l’évolution oblitère les idées et les mobiles anciens ou en émousse la conscience, une analogie trompeuse en put faire réellement un facteur autonome de groupement. Ce ne fut là que le dernier terme du développement ; il était issu de sources bien différentes.

En dehors du jeu naturel des élémens extérieurs sociaux ou historiques, il faut tenir compte des mobiles moraux, des inclinations primitives et des croyances essentielles. Malheureusement des agens si subtils, d’une influence continue mais mal déterminée, ne sont pas faciles à mettre en lumière.

J’en ai touché en passant quelques-uns. L’âme hindoue est très religieuse et très spéculative ; gardienne obstinée des traditions, elle est singulièrement insensible aux joies de l’action et aux sollicitations du progrès matériel. Elle offrait un terrain prédestiné pour une organisation sociale faite d’élémens très archaïques, qui obéissait à une autorité sacerdotale prépotente, qui consacrait l’immutabilité comme un devoir et la hiérarchie établie comme une loi naturelle.