J’ai tué mon père, j’ai tué mon père !
Et l’on m’enferme ici
Comme une bête en une cage
Pour étouffer les cris
Et les remords de mon âme sauvage !
Malheureux !
Je suis le moine Balthazar.
Mon crime est un orage en flamme
Qui mord et brûle et saccage mon âme,
Je suis ce moine Balthazar
Qui s’acharna avec passion
Contre vos fautes et vos vices,
Alors qu’il dérobait, qu’il nourrissait
Lui-même sa damnation
Et son enfer, sous le cilice[1].
Cet homme est fou ! n’écoutez pas !
Mon père était homme de bien.
Il était doux pour toutes mes colères ;
Je l’ai tué comme on achève un chien,
Un soir que j’étais ivre !
N’écoutez pas ! N’écoutez pas !
Au nom du Dieu vivant, n’écoutez pas !
Un innocent fut condamné
Et tué à ma place ;
Il priait Dieu et criait grâce.
Il embrassait le Christ en croix.
J’étais présent, j’assistai froid,
- ↑ Voir page 156, note 3.