Page:Serge - L’Ouvriérisme, paru dans L'Anarchie, 24 mars 1910.djvu/5

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Les causes de cet état d’esprit, quoique assez nombreuses, sont faciles à déterminer. En premier lieu il convient de placer l’idée du travail « geste auguste » puisqu’il entretient la vie ; le travail étant noble en son essence, dirent les esprits simplistes, noble est le travailleur. Voilà ! Ils n’oublièrent qu’une chose ; c’est que la noblesse d’une activité est une conception tout à fait conventionnelle et relative ; que le travail théoriquement si beau est dans la pratique ordinaire, laid, abrutissant, démoralisant ; enfin qu’un geste quel qu’il soit ne saurait être empreint de beauté lorsque celui qui le commet est une pauvre bête humaine tenaillée par la crainte et la faim.