Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/106

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Morelli, Morelli entra à l’Opéra pour jouer celui de Wolfram ; Mme  Tedesco lui parut seule digne d’incarner la blonde Vénus. Quant à Marie Sax, elle obtint, par faveur extrême, le rôle d’Elisabeth. De superbes décors furent commandés à Despléchin ; aucune dépense ne fut épargnée pour obtenir la mise en scène la plus somptueuse. Wagner était ravi de la pompe déployée pour encadrer son œuvre, de la bonne volonté de ses interprètes, de l’intelligence étonnante de Vauthrot, chef du chant, du soin avec lequel étaient dirigées les répétitions des chœurs. Il n’avait, dit-il dans sa lettre sur Tannhœuser[1] (27 mars 1861), jamais rien vu de semblable en Allemagne. Dès lors, pour rendre son œuvre plus digne de l’honneur qu’on lui faisait, il voulut, prétend-il, développer la première scène. Justement, le directeur lui objectait sans cesse que l’absence d’un divertissement nuirait à son opéra, et, désespérant de convaincre Wagner, il avait commandé à Th. Labarre un ballet en un acte pour accompagner Tannhœuser sur l’affiche. Le musicien s’ingéra de composer et d’offrir comme thème de ballet au chorégraphe la bacchanale du Venusberg. Wagner heurta de front ainsi, comme à plaisir, en faisant paraître les ballerines au lever du rideau, les usages de l’Académie de musique qui exigent que le divertissement soit exécuté à l’arrivée des abonnés. — « Un jour, il trouva, dit Gasperini, qu’il ne

  1. Voir Souvenirs de R. Wagner (trad. C. Benoît). Charpentier, 1883.