Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/111

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il dit que notre langue est la langue de la tribune par excellence. Il parle avec enthousiasme de nos grands orateurs et en homme qui les a entendus. Sa vie, très sobre ; la seule recherche est, après le repas, plusieurs tasses de thé savourées lentement en même temps qu’une pipe de tabac turc pour lequel il a une prédilection exclusive. Il est très original à voir, enveloppé dans sa robe de chambre en velours vert, coiffé d’une grande toque de même couleur et caressant des lèvres le bouquin d’ambre d’une longue pipe. »

Depuis le début du mois de mars jusqu’au lendemain de la première, Tannhœuser servit de thème aux bons mots, aux chroniques et aux caricatures des journaux amusants. Le Charivari du 10 mars contient 7 caricatures de Cham, celui du 11 publie : les Tribulations du Tannhœuser, wagnériade en quelques tableaux par M. P. Véron, qui fait allusion aux chamailleries de Wagner avec l’Opéra, à ses procès avec ses librettistes. Wagner réclame sans cesse des délais nouveaux, par exemple : « un mois et demi de répétitions pour dresser les chiens qui, dans la scène de chasse, aboient au-dessous du ton. » Le directeur, agacé, finit par dire : — « Le Tannhœuser ne sera jamais joué de ce train-là ! » — Wagner, fièrement : — « Qu’à cela ne tienne, monsieur, ma musique étant la musique de l’avenir, n’en justifiera que mieux son nom si on ne la joue jamais ! »

Le 14, Ernest Blum se montre sévère pour