Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/119

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dernier ennui, mais colossal, a été Tannhœuser. — Il me semble que je pourrais écrire demain quelque chose de semblable en m’inspirant de mon chat marchant sur le clavier d’un piano. La représentation était très curieuse. La princesse de Metternich se donnait un mouvement terrible pour faire semblant de comprendre et pour faire commencer les applaudissements qui n’arrivaient pas. Tout le monde bâillait, mais d’abord, tout le monde voulait avoir l’air de comprendre cette énigme sans nom. On disait sous la loge de Mme de Metternich que les Autrichiens prenaient la revanche de Solférino. On a dit encore qu’on s’ennuie aux récitatifs et qu’on se tanne aux airs… Le fiasco est énorme : Auber dit que c’est du Berlioz sans mélodie. »

Autre mot attribué à Auber : — « C’est comme si on lisait sans reprendre haleine, un livre sans points ni virgules. » Rossini plaçait à l’envers sur son piano la partition de Tannhœuser. Quelqu’un lui en faisant l’observation, il répondait : — « Je trouve que cela va aussi bien de ce côté-là ! » Mais il aurait dû se souvenir qu’à son arrivée à Paris en 1823, on l’avait surnommé M. Tambourrossini, et que les caricatures de l’époque le représentaient tout harnaché de cymbales et de grosses caisses. Il est à croire aussi que M. Gounod épargna le vaincu. « Il avait pour Wagner, dit M. Drumont, une respectueuse déférence et, devant lui, gardait l’attitude d’un enfant devant son père, d’un élève devant son maître. » Il s’est depuis lors quelque peu dé-