Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/123

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journal, M. J. L. Heugel reprochait à Wagner (17 mars) d’avoir développé à satiété, sous toutes les formes, une formule d’accompagnement qui, « à partir de l’ouverture, se prolonge indéfiniment, à l’instar du câble transatlantique, — cet immense trait d’union entre les deux mondes. »

Dans le numéro du Charivari du 17 mars, sept des caricatures de Cham ont trait à Tannhœuser. Caraguel, critique dramatique du journal, imagine un dialogue avec un certain Cotonnet, marchand de bois à Pontoise, de fond banal, mais de forme modérée[1]. Le Figaro du 18 mars cède à son critique musical trois pages de feuilleton. Jouvin put librement s’espacer en dissertations confuses et, quant à l’esprit de son article, on peut en juger par ces citations : « C’est le grand océan de la monotonie ; c’est un infini désespérant et grisâtre où l’on entend le morne clapotement des sept notes de la gamme qui tombent jusqu’à la consommation de la partition »… « La musique de l’avenir, cette musique contre nature qui blesse l’oreille sans remplir le cœur, qui foule aux pieds la mélodie saignante, qui demande à d’horribles dissonances le plaisir musical, c’est l’amour tel que le comprenaient et le pratiquaient les Césars atrophiés et le fou furieux qui fut le romancier favori du Directeur Barras. »

Jouvin avait écrit cette phrase malheureuse : — « La musique brutale et banale est celle qui ébranle

  1. No du 16 mars 1861.