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les qualités mélodiques. » Il est aussi le seul à avoir compris le récit du pèlerinage de Tannhœuser. « Cette scène accuse une rare connaissance de l’effet dramatique, un sentiment profond de la vérité de la déclamation et du chant expressif, une habileté consommée dans l’art de manier les contrastes, de créer des motifs d’accompagnement bien caractérisés qui, par leur opposition et leur développement, concourent avec la voix à produire une impression saisissante et à éveiller dans l’auditeur les sentiments les plus divers, tels qu’ils doivent répondre à la situation dramatique. »

Pour la deuxième représentation de Tannhœuser, qui eut lieu le lundi 18 mars[1], Wagner avait supprimé « le premier duo ; le récitatif du comte de Thuringe, le concours des troubadours, et d’autres longueurs fatigantes avaient été raccourcis. La ritournelle du chalumeau et la scène entière de Vénus, au troisième acte, avaient été enlevées. La tempête des violons, à la fin du deuxième acte, fut modifiée, la meute supprimée. Wolfram ne s’accompagnait plus sur la harpe, Tannhœuser ne s’évanouissait plus aussi souvent… Ces changements produisirent moins d’éclats de rire, mais on siffla davantage[2]. »

  1. Le Casino-Cadet s’empara de Tannhœuser pour l’inscrire à son répertoire. On y exécuta l’ouverture le 19, la marche le 24 et les principaux morceaux le 23 mars.
  2. Paul Lindau. V. Correspondance inédite de H. Berlioz, lettre du 21 mars 1861. « La deuxième représentation du Tannhœuser a été pire que la première. On ne riait plus autant, on était furieux, on sifflait à tout rompre, malgré la présence de l’empereur et de l’impératrice qui étaient dans leur loge. L’em-