Quoique M. Paul Lindau affirme, après avoir assisté aux deux premières représentations, qu’il n’y eut pas de cabale, l’opposition du Jockey-Club et de beaucoup d’abonnés se traduisit par des sifflets et des sérénades de mirlitons[1]. « Jusqu’au milieu du second acte, on n’avait pas fait la moindre démonstration d’hostilité. À partir de ce moment, les acclamations furent étouffées par les sifflets… Il fut alors évident, dit Wagner, que l’opposition qui cherchait à me terrasser émanait des seuls membres du Jockey-Club. J’hésite d’autant moins à le dire que le public lui-même ne cessa de désigner mes adversaires en poussant à différentes reprises le cri de : À la porte les Jockeys ! »
- ↑ Giacomelli, M. Nuitter et bien d’autres ont rapporté que
les membres du Jockey-Club et leurs amis achetèrent chez un
armurier du passage de l’Opéra tout son assortiment de sifflets
de chasse. « M. Aguado, — nommons-le après d’autres, disait le
Moustique, — distribuait les munitions. Un de ces aristocratiques
sifflets fut happé au passage par la valeureuse princesse de
Metternich qui n’hésita pas à le glisser dans son corsage. » N’est-il pas, ce geste instinctif, d’une jolie crânerie féminine ?
Le 31 mars, dans son journal, Giacomelli protesta contre les plaintes exprimées par Gasperini dans une lettre adressée à la Gazette de Francfort, déplorant que le service donné aux amis de l’auteur n’eût pas été mieux organisé pour combattre la cabale. On n’a pu offrir aux amis du compositeur, répondit-il, qu’un très petit nombre de places, quelques loges, dix parterres et deux stalles d’orchestre, indépendamment du service accordé aux auteurs. La distribution de ces places s’est faite avec l’approbation de Wagner, mais sans donner de bons résultats. Le service a été mieux organisé à la seconde, grâce au zèle et à l’expérience de Giacomelli.
pereur s’amuse… En sortant sur l’escalier, on traitait tout haut ce malheureux Wagner de gredin, d’insolent, d’idiot… La presse est unanime pour l’exterminer. Pour moi, je suis cruellement vengé. »