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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/161

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Si Gasperini avait été envoyé à Munich par le journal la France, M. Léon Leroy avait spontanément offert à M. Aurélien Scholl, directeur du Nain Jaune, de lui envoyer une correspondance de Bavière. Dans une longue lettre, datée du 19 juin 1865 et insérée le 24, il décrivait les nombreuses tribulations de Wagner en quête d’un théâtre disposé à représenter Tristan et Yseult, les luttes que l’artiste avait eues à soutenir contre le parti ultramontain, révolté des tendances au nirvana bouddhique de ce drame dédié à l’athée Feuerbach, mais dont l’opposition avait échoué devant la volonté immuable d’un prince à peine âgé de vingt ans, les retards de la dernière heure causés par l’indisposition de Mme Schnorr, atteinte d’une laryngite.

Dans le poème, il blâme l’empiétement des idées métaphysiques sur l’action scénique, et regrette l’influence exercée par les théories de Schopenhauer sur la conception du draine. « Il y a dans tout cela, dans les tendresses des deux amants, une fièvre de bouddhisme et d’anéantissement qui, à la longue, vous pèse et vous énerve.

« Je me hâte d’ajouter qu’au point de vue exclusivement musical, Wagner s’est parfois élevé à des hauteurs sublimes et j’insiste sur le mot. L’introduction, la presque totalité du premier acte, tout le second jusqu’à la scène du roi Marke, toute la seconde moitié du troisième et particulièrement la scène de la mort d’Yseult, sont d’immortels chefs-d’œuvre. Je ne crois pas que jamais l’art du sympho-