Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/180

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chestration, mais il proteste que son admiration se restreint à ce seul ouvrage de Wagner. « Pour moi, Rienzi est une oasis dans le désert bruyant et vide de son œuvre… Depuis Rienzi, M. Wagner a érigé en dogmes, la cacophonie et l’incohérence », et le critique apprécie l’ensemble d’une œuvre qu’il ne connaît pas en des termes féroces qui durent révolter Mme Judith Mendès. Celle-ci, quelques jours auparavant, avait publié dans la Liberté un article apologétique sur Wagner, défendant l’homme contre les calomnies et les insultes et proclamant la valeur de l’artiste.

Les fanfares de Rienzi avaient fait bondir le vaillant cœur de Théophile Gautier. Cette bataille musicale, livrée contre les siffleurs de Tannhœuser par les jeunes adeptes de l’art wagnérien, lui inspira un feuilleton dithyrambique (Journal officiel du 12 avril).

« Wagner a le don de passionner la foule, de provoquer des enthousiasmes frénétiques et des répulsions violentes… C’est une agitation, un tumulte, une furie qui rappellent les grandes luttes romantiques de 1830, où les jeunes bandes d’Hernani se ruaient au théâtre avec leur mot de passe, scalpant les faux toupets classiques et proclamant la liberté et l’autonomie de l’art… L’éclatant succès obtenu à la première représentation et qui se continuera sans nul doute, permet d’espérer que nous verrons bientôt le Vaisseau-fantôme, Tannhœuser, Lohengrin, Tristan, les Maîtres-Chanteurs et tout ce réper-