Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/186

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le moment où Rienzi était représenté à Paris pour lancer ce brûlot, afin de pouvoir, en cas d’insuccès, crier à la cabale et se poser en martyr crucifié par les juifs.

« Mais cet ennemi de la race hébraïque n’est-il pas lui-même le Juif errant, le maudit de l’art, condamné à la marche forcée ? » Il y a dans Rienzi fort peu de fragments mélodiques. Wagner, d’ailleurs, n’a rien inventé, ni pour la fusion absolue du drame et de la musique, ni en matière d’harmonie, ni comme sonorité orchestrale. Si Rienzi a eu un semblant de succès, c’est qu’on y rencontre, « au milieu du chaos et du bruit, quelques-unes des variations d’airs connus, des formules consacrées. »

Le critique fait à ce propos une déclaration ingénue : « Des lieux communs au théâtre, il ne faut pas en faire fi ! Bien accommodés et servis à point, ils sont toujours assurés de plaire ; ils reposent l’attention du public. »

Il accorderait même que Wagner est un grand musicien, mais il ne peut lui pardonner d’avoir vilipendé Meyerbeer et Halévy, d’avoir écrit que la partition de Faust est de « la musique de Lorette ! »

Cette brochure acerbe commence ainsi : « Richard Wagner est un fou, un fou d’orgueil. » Elle finit sur cette idée : La musique de l’avenir est une monstruosité ; « improlifique par nature comme tous les monstres, Wagner est impuissant à se reproduire, à se multiplier. »