Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/203

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de 1870, cette posse très allemande et nullement antique, fut confiée par le poète ( ?) à un jeune compositeur, désireux de la mettre en musique, pour en faire une opérette d’actualité genre Offenbach. Proh pudor ! Wagner auteur de revues, Wagner librettiste[1] d’opérettes ! L’émule du chantre de la Grande-Duchesse manqua, paraît-il, de l’inspiration nécessaire et, dépourvu de musique, ce mauvais pamphlet fut refusé à l’envi par tous les théâtres allemands. Wagner l’a fait imprimer en 1873, augmenté d’une préface, en tête du IXe volume de ses œuvres complètes.

Si Wagner a commis une basse incartade et une lâcheté en tournant en dérision nos défaites au moment même où les effroyables revers de la France et l’admirable défense de Paris assiégé devaient inspirer le respect à tout le monde et surtout au vainqueur, il faut observer, — et l’on s’en rendra compte par les analyses qui ont été données de cette pièce, — que la raillerie atteint surtout le gouvernement de la Défense nationale. Or, parmi les Allemands, à commencer par le roi de Prusse, personne en 1870 ne voulait prendre au sérieux des avocats comme Jules Favre devenus les arbitres de nos des-

  1. Ce n’est pas, d’ailleurs, la seule fois que Wagner ait fourni à un musicien un sujet d’opéra. Le livret esquissé par lui à Kœnigsberg sur le roman d’Henri Kœnig, la Grande fiancée, et qu’il avait envoyé à Scribe, fut donné plus tard au compositeur Kittl. Celui-ci en fit un opéra qui fut joué à Prague, en 1848, sous ce titre : les Français devant Nice. Voir l’ouvrage de Mme Bernardini.