Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/204

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tinées, et j’estime qu’à cette époque, certains journaux français ne se faisaient faute de dauber sur la Délégation de Tours et sur le plan du général Trochu. Il eût été vraiment excessif d’exiger d’un étranger auquel nous avions, fort sottement, donné des griefs contre nous, plus de réserve et de bon goût que d’un rédacteur du Figaro ou de la Vie parisienne. Ce qui était de bonne guerre dans une feuille française frivole devenait donc monstrueux, ignoble et révoltant sous la plume d’un Allemand orgueilleux, exalté par le triomphe de ses compatriotes !

D’ailleurs, l’incommensurable ineptie de cette élucubration de collégien en délire, les calembours enfantins dont elle est émaillée, la poésie française aux rimes inénarrables destinée aux couplets du jeune imitateur d’Offenbach devraient désarmer les indignations patriotiques. Voici le mot le plus spirituel de la pièce. — Victor Hugo, rentrant par un égout dans Paris assiégé, s’écrie en entendant la Marseillaise : — « Ô sons délicieux ! je ne suis pas musicien, mais je reconnais la Marseillaise à quatre kilomètres de distance ! » Il faut être un peu naïf pour avoir attribué tant d’importance à cette platitude, pour vouer aux gémonies le poète comique d’Une Capitulation, après avoir été si indulgent à l’auteur d’Art allemand et politique allemande. Il serait facile, en comparant les textes, de prouver aux irascibles patriotes qui maudissent en Wagner l’insulteur de nos défaites, que la brochure de 1868 dénote un mépris de la France bien plus profond et