Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/220

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le fécond auteur du Voyage au pays des milliards se hâta d’exploiter son succès auprès des masses en faisant paraître un second ouvrage sur les Allemands. Trois chapitres des Prussiens en Allemagne sont consacrés à nous éclairer sur la valeur artistique[1] et morale de R. Wagner. Dans l’un, M. Victor Tissot décrit la ville de Bayreuth et le nouveau théâtre encore inachevé, visité par lui pendant une répétition de la Tétralogie ; dans le suivant, il fait l’analyse du poème en style de chroniqueur du Charivari. Le troisième donne des détails de reporter sur la vie de Wagner à Bayreuth, sur ses goûts, ses manies, son luxe, etc… « Quand Wagner se met à l’œuvre, il faut non seulement que les tentures et les draperies de la salle soient en harmonie par leurs couleurs avec le sujet qu’il traite, mais il est indispensable que sa robe de chambre, son pantalon, sa toque et ses pantoufles soient aussi en rapport avec le motif musical. Ce n’est pas sans peine que l’on trouve la combinaison convenable ; mais quand on y est enfin arrivé, l’inspiration se manifeste chez le maestro par des cabrioles et de petits cris joyeux. »

  1. Avant lui, dès 1873, M. Claretie avait publié un ouvrage du même genre, les Prussiens chez eux, 1 vol. in-18, où il n’avait pas dédaigné, tout en protestant de son impartialité, d’exprimer son sentiment sur le Tannhœuser qu’il avait vu jouer à Berlin. À son avis, les Parisiens ont eu raison de s’ennuyer à la représentation de cet opéra, mais on doit les blâmer de l’avoir sifflé. De plus, Rienzi lui paraît supérieur au Tannhœuser, en tant que musique dramatique. M. Claretie s’est rencontré ici dans une communauté d’impressions avec Paul de Saint-Victor.