Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/221

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Détachons ces quelques lignes du portrait de Wagner : — « Une tête de reître. Les gestes sont restés brusques comme des coups de rapière et sa langue a conservé la volubilité d’un moulin. (Voilà du style !) C’est un nerveux, un passionné, quelque chose comme un Orlando musical. Il est toujours furieux, il a toujours l’air de se battre ou de prêcher une croisade. Il est en éruption continuelle. » — Enfin, pour l’édification de sa clientèle patriotique, M. Tissot résumait la pièce comique Une Capitulation, et en traduisait des passages pour en montrer et l’hostilité rancunière, et l’énorme ineptie.

C’est dans le dernier volume du Dictionnaire universel de Larousse (lettre T à Z), publié en 1876, que se trouve l’article biographique sur Wagner, article bien fait, moyennant des emprunts à l’ouvrage de Gasperini, mais contenant quelques erreurs, celle-ci par exemple : — D’après le rédacteur, pendant le séjour à Stuttgard de l’empereur de Russie et de Napoléon III, en 1857, on aurait représenté devant eux le Tannhœuser. Nous avons vu plus haut que le fait est inexact. Cet opéra fut seulement joué, peu de temps après, à Karlsruhe, pour les journalistes parisiens présents à Bade. Cette notice, en somme, est assez impartiale, moins la restriction contenue dans les dernières lignes : « Aucun compositeur ne sait aujourd’hui manier mieux que lui l’orchestre et les masses vocales. Mais il abuse d’une sonorité puissante jusqu’à l’excès, et ses œuvres, surtout les dernières, d’une grande pauvreté mélo-