Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dique, laissent à l’auditeur une impression de fatigue et d’ennui. » C’est l’opinion personnelle de Félix Clément, soit ! Mais un dictionnaire devrait être rédigé, abstraction faite des préférences littéraires ou artistiques de ses collaborateurs.

Au commencement de 1876, l’Opéra de Berlin avait monté pour la première fois Tristan et Yseult[1], le produit des représentations devant être versé dans la caisse du Wagnerverein, pour l’achèvement du monument de Bayreuth. M. J. Weber, du Temps, était parti pour Berlin, d’où il envoya une longue correspondance à son journal (28 mars). Dans cette lettre, on le devine partagé entre le désir d’exprimer le bien qu’il pense du musicien et la crainte de froisser trop vivement les préjugés du public à l’égard des dernières œuvres de Wagner, cet épouvantail de la critique. De cette préoccupation résulte sans doute la sévérité de son jugement. « Dans Tristan, dit-il, tout révèle la manie, l’idée fixe ; on sent un homme qui recherche de propos délibéré, comme pour se démontrer à lui-même sa supériorité sur le commun des hommes, l’inattendu dans la monotonie. C’est un phénomène en apparence contradictoire que cette variété de moyens n’engendrant qu’une sensation d’uniformité, ennuyeuse, tranchons le mot. »

  1. 20 mars 1876.