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dépit de quelques longueurs. Le duo d’amour lui paraît être la page capitale de la Tétralogie. « Le morceau est superbe et, malgré les dimensions colossales que lui a données Wagner, l’intérêt va croissant jusqu’à la fin. »

Pour lui, le deuxième acte n’est que vide, inanité, longueur intolérable ; mais il apprécie le troisième acte tout entier. « La chevauchée des Walkyries est un morceau tout à fait extraordinaire…, la symphonie descriptive de l’incantation du feu est d’un très bel effet. »

Le 1er septembre, M. Guiraud résuma ses impressions dans un article de critique générale. « M. R. Wagner est certainement un grand artiste ; son immense talent touche parfois au génie, mais ce génie est toujours artificiel… La complication des moyens qu’il emploie, la recherche constante des effets qui amène la satiété, l’exagération et l’abus excessif des détails, tout cela décèle un art vieilli, fatigué et non un art nouveau. » Plus loin, il déclare que Wagner « est un merveilleux ouvrier, peut-être même le plus merveilleux qu’ait encore produit l’art musical. »

En ce qui concerne l’alliance de la musique et des paroles, l’auteur de la Tétralogie n’a fait, suivant M. E. Guiraud, qu’exagérer l’emploi du récitatif obligé, tel qu’il est défini par J.-J. Rousseau, en lui donnant plus d’extension qu’on ne l’avait fait jusqu’à présent. « Sa révolution se borne à avoir mis au premier plan une des formes de l’art à laquelle les maîtres n’avaient encore assigné que le second. »