Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/236

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Wagner n’a pas même entièrement répudié la forme conventionnelle des morceaux d’opéra et des ensembles, et d’autres, avant lui, ont employé le procédé des motifs typiques.

« Ce que l’auteur des Niebelungen a de bien personnel, c’est son style, c’est l’élévation de sa pensée dans certaines parties de son œuvre et c’est l’habileté prodigieuse avec laquelle il ne cesse de manier l’orchestre. Il a soif de l’idéal, il a des conceptions grandioses, mais il atteint rarement cet idéal et plus rarement encore il réalise ces conceptions. »

La correspondance de M. G. Monod, publiée le 24 août, donnait de nombreux détails sur Bayreuth, sur le but artistique poursuivi par Wagner et sur ses vues personnelles tendant à transformer le théâtre. « A priori, le système wagnérien m’a toujours paru faux ; à la lecture, les poèmes ne m’ont causé qu’un médiocre plaisir ; à la représentation, malgré des scènes longues et ennuyeuses, j’ai toujours été pris au piège et j’en ai emporté des impressions ineffaçables ; j’en conclus que ce sont mes raisonnements a priori qui étaient faux, que probablement, j’ai pris pour les limites absolues de l’art musical, ce qui n’était que les formes conventionnelles où il était enfermé jusqu’ici. » Précieux aveu, d’une très noble sincérité dont bien peu furent alors capables, aujourd’hui confirmé par les déclarations de tous les auditeurs de bonne foi qui ont assisté aux dernières représentations du Théâtre-Wagner (juillet et août 1886).