Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/240

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prendre ce qu’il y a d’original et d’individuel dans une œuvre qui leur était jusque-là étrangère…[1]. Ici, vous avez, grâce à moi, connu quelque chose de nouveau et je n’aurais pas pu vous le donner à Paris. »

Cette lettre fut publiée par M. G. Monod, en février 1883, aussitôt après la mort de Wagner, pour le disculper de ses torts à l’égard de la France. Il eût peut-être mieux valu la faire connaître dès 1876. On eût ainsi répondu aux accusations de M. Victor Tissot et prévenu peut-être le brutal et ridicule esclandre du 29 octobre 1876, au Concert-populaire.

Depuis la guerre de 1870, le nom de Wagner avait disparu de l’affiche des Concerts-populaires. Avant cette époque, quand sa musique était sifflée, c’était faute d’être comprise. Plus tard, les tentatives de M. Pasdeloup pour acclimater les œuvres du maître servirent fréquemment de prétexte à des manifestations anti-allemandes.

  1. Plus tard, en 1879, causant avec M. Fourcaud, il exprimait le même sentiment : « Vous étiez nombreux, ici (à Bayreuth), aux représentations de l’Anneau du Nibelung, en 1876 ; je ne puis répéter assez combien j’ai été touché de votre attitude. Au-dessus des malentendus, qui n’étaient pas encore tout à fait dissipés à cette époque, vous éleviez ouvertement la question d’art et vous reconnaissiez que je n’apportais pas seulement les poèmes et des partitions ; mais qu’il se formulait, avant tout, dans mes ouvrages, un principe d’émancipation théâtrale et de réforme dramatique. Mieux que cela, vous l’avez proclamé chez vous sur tous les modes. »