Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/239

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mot, bien entendu, mais tous les journaux, en France et en Allemagne, blâmèrent sévèrement l’extrême infatuation de l’artiste. « Depuis longtemps, — écrivait M. Saint-Saëns, pour excuser R. Wagner, — ses admirateurs savent que sa maladresse égale son talent et n’attachent aucune importance à ses propos. » Puis il ajoutait : « Il se défend du reste d’avoir songé à insulter la France. Qu’a-t-il donc voulu faire ? C’est ce que personne, pas même lui, ne saura jamais. Le représenter comme un ennemi de notre pays est simplement absurde ; il ne hait que les gens qui n’aiment pas la musique. » — Disons mieux : sa musique.

Aussi Wagner était-il très heureux des marques d’intérêt données à sa tentative par ses amis français. En cette sérénité d’âme qui succède aux apothéoses, il oubliait ses anciennes rancunes et se défendait d’avoir voulu offenser les Français. Il écrivait alors à M. Gabriel Monod : « Mes représentations de Bayreuth ont été mieux jugées et avec plus d’intelligence par les Anglais et les Français que par la plus grande partie de la presse allemande. Je crois que, si j’ai eu cette agréable surprise, c’est que les Anglais et les Français cultivés sont préparés par leur propre développement à com

    n’y avait pas eu d’art digne de ce nom dans le passé. Ce qu’il a dit ne s’appliquait qu’à l’Allemagne. Il y a un art italien, il y a un art français qui ont produit des chefs-d’œuvre de noblesse et de grâce, mais il n’y a pas d’art national allemand. Il n’y a eu que des tentatives individuelles et isolées, mais aucune grande tradition nationale durable. C’est cet art national qu’il voudrait contribuer à créer. »