Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/243

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maines. Il lui semblait qu’elle menait le deuil de tout ce qu’il avait connu et aimé, le deuil de ses enfants, le deuil de lui-même et le deuil des Rois dont il voyait l’agonie en quelque sorte, et le crépuscule de ces Dieux. »

— « Cette marche funèbre, disait M. Jullien dans le Français du 31 octobre 1876, même séparée du reste de l’ouvrage et exécutée dans des conditions d’acoustique toutes différentes de celles exigées par l’auteur, est déjà un morceau magistral, d’une grandeur et d’une tristesse incomparables. »

Que le public, dérouté par la forme inusitée du morceau, ne l’eût pas bien compris à une première audition, cela ne saurait surprendre et, en effet, comme l’écrivait M. Weber le 14 novembre, dans son feuilleton du Temps, « ce n’est point une marche, c’est un entr’acte ou plutôt interlude (Zwischenspiel) pour un changement de décor ; le morceau se lie à ce qui précède et à ce qui suit, en sorte que, pour le détacher, il a fallu ajouter une terminaison, comme on fait pour l’ouverture de Don Juan. Il commence pendant que les compagnons de Gunther emportent le corps de Siegfried, mais la plus grande partie se joue pendant que des vapeurs venant du Rhin couvrent la scène pour laisser effectuer un changement de décor.

« Wagner a rappelé quelques motifs précédemment entendus, sans vouloir donner à la musique la forme régulière d’une marche. »

De son côté, M. Ad. Jullien avait expliqué à ses