Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/245

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Le lendemain de l’incident, M. Pasdeloup adressait aux journaux la lettre suivante :


« Monsieur le Rédacteur en chef,


Veuillez, je vous prie, me permettre de donner au public quelques explications nécessaires sur mon attitude après l’audition de la nouvelle marche de Wagner.

Aujourd’hui, M. Wagner est jugé comme homme, mais le grand musicien ne l’est pas encore chez nous. Je crois que la France ne doit pas rester en dehors du mouvement musical qui peut se produire au delà de nos frontières ; le devoir des Concerts-populaires qui ont toujours marché en avant, est de faire connaître à Paris des œuvres qu’on peut ne pas admirer, mais qu’il n’est pas permis d’ignorer et qu’une très grande partie de mon public est curieuse d’entendre.

Il me semble que ma conduite pendant nos malheurs, où j’ai quitté mère et femme dans l’espoir de pouvoir servir mon pays, me dispense de répondre à des accusations antipatriotiques qui se sont produites.

Je n’ai pas plus le droit d’imposer Wagner aux uns que d’en priver les autres. Je ne puis que supplier tout le monde d’apporter moins de passion dans une question purement artistique et de laisser la musique de Wagner s’abriter à l’ombre des grands compositeurs classiques dans le culte desquels