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quelques chroniqueurs musicaux, parmi les plus wagnériens bien entendu, passèrent seuls la frontière pour assister à cette reprise, et, avec eux, un certain nombre d’artistes et d’amateurs[1].

Le 11 mars, la chronique de M. Ad. Jullien, au Français, était entièrement consacrée à Lohengrin. Bien qu’on ne puisse morceler une étude aussi serrée, d’une aussi complète cohésion, je citerai pourtant cette définition du système dans lequel l’œuvre a été conçue : — « Chaque acte forme dans son entier comme un vaste morceau symphonique dont les dessins d’orchestre varient à l’infini selon l’expression des scènes ou le sentiment des personnages, mais sans se scinder en aucun endroit. Au-dessus de cette trame orchestrale, dans cette atmosphère sonore qui double la puissance de la voix et l’expression mélodique des phrases chantées, chaque personnage déclame juste ce qu’il doit dire, jamais moins ni plus, en un récit toujours très mélodieux et très élevé, mais sans jamais se répéter, sans presque jamais chanter avec un autre personnage. »

Même enthousiasme chez M. Joncières, dont le feuilleton[2] se termine par ce vœu :

« Puisse le succès de Lohengrin au théâtre de la

  1. Il y avait à cette représentation une quinzaine de Français, dont une huitaine de journalistes. Les amateurs étaient : M. Ernest Guiraud, M. A. Messager, l’éditeur Aug. Durand, M. Albert Vanloo, auteur dramatique, M et Mme Lascoux et un bourguignon wagnérien, M. Moignot-Laligant, marchand de vins Beaune.
  2. Liberté du 4 mars 1878.