Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/257

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musiciens très visibles de l’orchestre. Ce premier acte de Lohengrin, malgré quelques beautés musicales, indépendantes du théâtre, a paru monotone, lourd, compact, parce que, ainsi exécuté, il est hors des conditions où il a été conçu. »

M. Pougin, chargé par la maison Didot de rédiger un supplément à la Biographie universelle des musiciens de Fétis et de compléter les anciennes notices devenues insuffisantes depuis la publication de ce dictionnaire, eut à rédiger un article nouveau sur Wagner[1]. Au lieu de se borner à indiquer les événements survenus dans la vie de l’artiste et à donner une mention de ses dernières productions, il céda au besoin de morigéner Wagner sur les actes répréhensibles de sa vie privée, de faire le procès, à son tour, aux théories du compositeur et d’examiner sommairement chacune de ses œuvres. Il s’occupa un peu plus longuement de Tristan, des Maîtres-Chanteurs et de la Tétralogie. Sur Tristan, voici son opinion : —

« Qu’il y ait parfois dans le cours d’une œuvre d’aussi longue haleine, un fragment superbe, un élan magnifique, on peut le croire sans peine, étant donné le génie très réel du musicien ; mais que cette œuvre, considérée dans son ensemble, soit destructive d’une véritable jouissance intellectuelle et ar-

  1. Deuxième vol. du Supplément, in-8o, Didot, Paris, 1880.