Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/256

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fait naître cette sonorité d’accents, cette traduction si juste des pensées dont sont animés les personnages, qui met, pour ainsi dire, à nu les replis les plus cachés de leur âme. »

Il lit cependant des réserves. — « Nous avons dit que Lohengrin était un chef-d’œuvre ; mais il n’est pas de chef-d’œuvre devant lequel la critique doive perdre ses droits. On pourrait donc blâmer la longueur et la monotonie de certains récits. — M. Pasdeloup a sagement fait de supprimer ceux de la première scène — ainsi que l’abus des instruments de bois, qui soutiennent presque toujours la mélodie par des tenues, comme s’il y avait un orgue dans l’orchestre. »

M. Ad. Jullien avait tout dit sur Lohengrin dans son article du 11 mars 1878 ; il se borna à féliciter M. Pasdeloup de sa hardiesse et de son succès.

Seul, M. Comettant demeura intraitable. Il écrivit tout un feuilleton du Siècle (28 avril) sur Wagner, avec les bévues et les injures coutumières. L’indignation patriotique le dispute chez lui au parti pris. À ses yeux, le succès n’était dû qu’à la présence d’un millier d’Allemands. — Le 12 mai, il se lamenta sur les égarements « de ce pauvre Pasdeloup » et s’exprima ainsi : « C’est méconnaître la pensée de l’auteur de Lohengrin que de donner un acte entier de cet opéra, au repos, sans aucune action, sans aucune mise en scène, dans une salle de concert où les chanteurs en frac, les chanteuses revêtues du costume de bourgeoises du xixe siècle se mêlent aux