Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/267

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été plus prospère, il est probable qu’après Rienzi, le tour de Lohengrin serait venu.

En 1878, la présence de l’Albani au Théâtre. Italien et ses succès à l’étranger, dans le rôle d’Elsa, engageaient M. Escudier à tenter l’aventure. Traduit en italien et chanté par une étoile, Lohengrin eût obtenu le même succès qu’Aïda. Il n’en fut bientôt plus parlé.

Les choses en étaient là quand, à la fin de l’année 1881, M. Angelo Neumann, directeur du théâtre de Prague, s’ingéra de faire représenter Lohengrin à Paris. Muni de l’autorisation de Wagner, il cherchait une scène où installer sa troupe allemande. Il devint, pour ses florins, sous-locataire de M. Ballande, au théâtre des Nations. Mais, quand on apprit que les représentations n’auraient pas lieu en français, voilà nos journalistes saisis d’un courroux patriotique, délirant d’une horreur sacrée, tant et si bien que M. Raoul Pugno, engagé comme répétiteur du chant, écrivit à M. Neumann son refus de diriger les études en allemand. À la lettre de M. Pugno, M. Neumann répondit de Leipsig qu’il ne cherchait pas à nationaliser en France la musique allemande. Aussi, au lieu de s’adresser aux théâtres subventionnés, avait-il choisi un terrain neutre, « le théâtre des Nations, qui veut être l’asile de l’art de toutes les nations. » (2 janvier 1882.)

« Ce n’est pas sans un réel plaisir, écrivait alors M. Comettant[1], l’ennemi juré de R. Wagner, que

  1. Siècle du 2 janvier 1882.