Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/269

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les scandales de Tannhœuser se renouvellent. Cela serait grotesque, odieux ; cela pourrait créer des dangers très sérieux ; je n’en dis pas davantage. »

M. J. Weber se plaçait, lui, au seul point de vue musical et concluait ainsi : « On a protesté pour divers motifs contre les représentations de l’œuvre de Wagner avec texte allemand ; personne ne parait avoir vu le seul motif sérieux, que voici : c’est aller contre l’intention de l’auteur lui-même que de traiter Lohengrin comme une œuvre de mélodie absolue dont on n’a pas besoin de comprendre les paroles. Elle ne pourrait donc être bien appréciée que des personnes qui savent l’allemand. » (Temps du 17 janvier.)

D’ailleurs, le péril entrevu se trouva conjuré. M. Neumann ne put s’obstiner dans son parti-pris, le directeur du théâtre de Munich ayant refusé à trois de ses artistes le congé nécessaire pour chanter Lohengrin à Paris et la comédie se termina par un dédit de 15,000 francs qu’empocha M. Ballande.

En manière d’épilogue, R. Wagner écrivit le 17 mai suivant à M. Éd. Dujardin une lettre datée de Bayreuth[1], qui fut insérée dans la Renaissance musicale du 21 mai 1882. « Non seulement, disait-il, je ne désire pas que Lohengrin soit représenté à Paris, mais je souhaite vivement qu’il ne le soit pas et pour les raisons suivantes : d’abord, Lohengrin ayant fait son chemin dans le monde, n’en a pas

  1. On la trouvera reproduite dans l’Appendice.