Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/270

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besoin[1]. Ensuite, il est impossible de le traduire et de le faire chanter en français, de manière à donner une idée de ce qu’il est. En ce qui concerne une représentation en allemand, je conçois que les Parisiens n’en aient pas envie. » Il ajoutait qu’il lui était même désagréable qu’on en donnât des actes entiers dans les concerts. Il semblait même récuser aux Français toute compétence pour apprécier ses drames lyriques, par cette déclaration catégorique : « Mes œuvres sont essentiellement allemandes. »

Le 1er juin suivant, dans son feuilleton des Débats, M. Reyer discutait les termes de cette lettre que certains considéraient comme injurieux pour le public parisien.

Après avoir hué, sifflé, ridiculisé Wagner, disait le critique, « depuis quelque temps, nous essayons de lui offrir une réparation tardive et nous allons à lui avec des sourires aux lèvres et des brins de laurier à la main. Il ne croit qu’à demi à la sincérité de notre conversion, à notre enthousiasme qui a été un peu lent à venir, et nous dit que, n’ayant que faire de tout cela, il nous prie de le laisser tranquille. »

Contrairement aux répugnances de l’auteur, M. Reyer se prononçait en faveur de la traduction. N’a-t-on pas traduit Fidelio et cet opéra en fut-il moins applaudi quand Mme Viardot le chanta au

  1. Toujours le sentiment exprimé déjà en 1861 à propos de la chute de Tannhœuser à l’Opéra : — « Qu’aurais-je fait d’un succès à Paris ? »