Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/278

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L’événement offrant pour le public beaucoup moins d’importance que la mise en scène d’une pièce en quatre soirées dans un théâtre construit sur un plan nouveau, la presse se montra plus indifférente à cette tentative de Wagner qu’à celle de 1876. Le Figaro, le Temps, n’envoyèrent point de rédacteur spécial, le Gaulois n’inséra que des dépêches de reporter.

Au Figaro, on jugea Wagner à distance. Le 26 juillet, dans un de ces articles stupéfiants dont il a le secret, panaché de plaisanteries surannées et de bévues historiques, — comme placer après la représentation de Tannhœuser à l’Opéra les concerts des Italiens, — Ignotus, faisant le portrait du musicien, trouve à son profil une ressemblance avec l’oiseau-pic à grosse tête d’Amérique. Un peu plus loin, autre comparaison ornithologique : cette fois, la tête de Wagner est pareille à celle d’un faucon encapuchonné. — À quel oiseau ressemble donc Ignotus ?

Plus loin, des gros mots : « Cette musique ne peut que remuer les sens les plus bas. La musique de Wagner réveille le cochon[1] plutôt que l’ange… hélas ! Je dis pire, elle assourdit les deux…, c’est de la musique d’eunuque affolé. » — Il est fâcheux que ce mot ne soit pas de M. Albert Wolff.

  1. Les détracteurs de Wagner ne peuvent parler de lui sans proférer des grossièretés. On peut comparer à la gracieuse métaphore d’Ignotus la malpropreté d’une phrase de M. Comettant qui appelle « les mélodies de Wagner des chansons de miserere…, comme les coliques de ce nom ».