Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/294

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le moment, — à la légende de croquemitaine gallophoba si soigneusement entretenue par les sous-Déroulèdes de la presse.

M. Léon Kerst, dans le Voltaire du 16 février 1883, après avoir rappelé les côtés ingrats de la nature de l’homme, résumait sommairement le système de Wagner, si sommairement qu’il y a beaucoup d’erreurs dans son article. D’après lui, c’est un tort de vouloir faire applaudir Lohengrin dans un de nos théâtres lyriques. Cette œuvre ne lui paraît pas pouvoir réussir en France, vu le temps qu’il nous a fallu pour arriver à comprendre les symphonies de Beethoven. Le système dramatique et musical du maître n’étant pas pour nous plaire, il recommande à nos jeunes compositeurs un adroit compromis entre l’ancien opéra et l’opéra wagnérien.

C’était aussi la conclusion de M. Fourcaud, du Gaulois, engageant les musiciens français à ne pas pasticher Wagner et « à faire pour leur nation ce qu’il a fait pour la sienne. » Pour montrer les véritables sentiments du maître allemand à l’égard de la France, il reproduisit les termes d’une conversation qu’il eut avec lui en 1879. — « Que n’existe-t-il à Paris, s’écriait Wagner, une scène internationale, où l’on interpréterait dans leur langue les grandes œuvres célèbres de tous les peuples ? On serait heureux d’être présenté de la sorte au public parisien, le plus compréhensif qui soit.

« Il est vrai qu’on ne me joue pas aussi pour des rai-