Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/295

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sons tristes et médiocres… Mais n’en parlons plus. C’est passé !… »

« Je devinai ce qu’il voulait dire, et je gardai le silence. Lui-même avait baissé la voix sur les derniers mots et il se taisait. Au bout d’un instant, il reprit :

« On me suppose des rancunes ? Des rancunes ! Eh ! pourquoi ? Parce qu’on a sifflé le Tannhœuser ? Est-on bien sûr, d’abord, de l’avoir entendu tel qu’il est ? Auber le savait, lui à qui j’avais conté mes doléances. Que voulez-vous ? Le moment n’était pas venu de la musique sincère. Pour la presse, je n’ai pas eu à m’en plaindre autant qu’on a dit. Je n’ai pas fait de visites aux critiques comme Meyerbeer ; mais Baudelaire, Champfleury et Schuré n’en ont pas moins écrit les plus belles choses qui aient été dites sur mon théâtre. Aujourd’hui encore, c’est de chez vous que m’arrivent les appréciations les plus flatteuses. Vous le voyez, enfin, je n’ai pas lieu d’être aussi mécontent qu’on l’affirme, et je ne le suis pas. »

Dans son feuilleton du 19 février, M. Joncières écrivait une longue étude biographique et critique où il analysait brièvement le système dramatique de Wagner, expliquait le fonctionnement des leitmotive, se déclarait admirateur des premières partitions du maître et même de Tristan et des Maîtres-Chanteurs, mais refusait la même estime à la Tétralogie et à Parsifal, conceptions essentiellement antipathiques au génie français. « Il y a cependant dans les œuvres de la dernière manière des pages