Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/306

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dédié par l’auteur à Berlioz et dont les marges étaient couvertes d’annotations critiques de Berlioz sur les dissonances voulues, les harmonies irrégulières relevées par lui dans la partition de Wagner, fit part de cette découverte au monde musical, dans le Ménestrel du 28 septembre 1884, en cherchant à justifier les hardiesses de Wagner et en opposant à Berlioz les duretés harmoniques de ses propres œuvres.

M. Saint-Saëns écrivit alors au Ménestrel (5 octobre 1834) pour protester contre l’analogie qu’on tentait d’établir entre le système de Wagner et celui de Berlioz. « Berlioz, dit M. Saint-Saëns qui l’a très bien connu, détestait cette partition de Tristan et Yseult… Les dissonances et les modulations enharmoniques lui étaient profondément antipathiques ; il y a bien des duretés dans ses œuvres, mais elles proviennent d’un tout autre système. » Il ajoutait que, tout en ayant, devant Berlioz, pris la défense de plusieurs passages incriminés, il est d’accord avec lui pour les séries de septièmes du duo du second acte. M. Ernst, répondant à l’accusation lancée contre les wagnériens d’être devenus les ennemis de Berlioz, n’eut pas de peine à se justifier de ce reproche immérité[1].

Reprenant la question à son tour au point de vue technique, M. Camille Benoît, dans un travail intitulé le Système harmonique de Wagner, à propos des

  1. M. Ernst a écrit en effet un volume très admiratif sur l’œuvre de Berlioz. Calmann Lévy, éditeur.