Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bles de Tannhœuser ou de Lohengrin, il était pour l’art contre les philistins ; maintenant que les pages les plus ardues de Tristan et Yseult sont l’objet d’un engouement irréfléchi, la critique reprend ses droite. Cependant, dit-il, « mon admiration n’a cessé de grandir pour Rheingold et pour les trois quarts au moins de Tristan et de la Walkyrie. Mais tout en admirant la puissance colossale déployée dans le Crépuscule des Dieux et dans Parsifal, je n’en goûte pas le style alambiqué et selon moi, mal équilibré. Cette critique n’est que générale, bien entendu ; car il faut, il me semble, être dépourvu de tout sentiment musical pour ne pas admirer l’oraison funèbre de Brunehild sur le corps de Siegfried ou le second tableau de Parsifal… Si je m’adressais uniquement à des musiciens, je pourrais traiter à fond la question musicale de ces œuvres colossales, montrer comment leur style, assez peu élevé dans le principe et en désaccord avec la hauteur des conceptions de Wagner, s’est d’abord épuré, puis compliqué de plus en plus, multipliant les notes sans nécessité, abusant des ressources de l’art jusqu’au gaspillage, exigeant, à la fin, des voix et des instruments des choses en dehors du possible. Le dédain de la carrure, qui n’existait pas dans les premières œuvres, se montre d’abord comme un affranchissement libérateur, pour devenir, peu à peu, dans les derniers temps, une licence destructive de toute forme et de tout équilibre. » Il se plaint du prosélytisme excessif des wagnériens qui admirant tout