Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/315

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M. Saint-Saëns admire Wagner, mais il veut l’admirer tout seul, à son heure, dans son cabinet et non dans un cénacle d’affiliés. Qui songe à lui ravir cette liberté ?

M. Saint-Saëns ne veut pas obéir aux injonctions de la critique wagnérienne. — Mais qui donc a jamais prétendu l’empêcher de suivre son inspiration, d’où qu’elle vînt ? Certains critiques ont pu mettre Samson et Dalila au-dessus d’Étienne Marcel et d’Henry VIII, comme contexture dramatique et comme valeur musicale ; c’était assurément leur droit de critiques.

M. Saint-Saëns crie aux jeunes musiciens : « Restez Français ! Soyez vous-mêmes, de votre temps et de votre pays. » Il suffit de lire les articles de MM. Wilder, Fourcaud, les Conseils du vieux wagnériste au jeune prix de Rome dans le volume de M. Mendès, pour constater que ces wagnériens donnent le même avis à leurs compatriotes.

Eh bien ! alors, si tout le monde est d’accord, pourquoi cette rupture officielle avec les anciens compagnons d’armes : — « J’admire profondément les œuvres de Richard Wagner en dépit de leur bizarrerie. Elles sont supérieures et puissantes, cela me suffit.

« Mais je n’ai jamais été, je ne suis pas, je ne serai jamais de la religion wagnérienne. »

Si cette sortie acerbe n’a pas été inspirée à l’auteur par l’influence réactionnaire de l’Institut, on ne peut l’attribuer qu’à l’irritation des artistes qui, les