Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/330

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dans la trame orchestrale, et les délicieuses phrases mélodiques qui forment ce tissu même, devaient causer une douce surprise aux gens qui croient que Wagner est un barbare en musique, qui n’arrête pas d’écorcher les oreilles de ses auditeurs et de leur briser le tympan. »

Dernière citation de la prose de M. Comettant (Siècle du 8 mars 1886) :

« Après les amours sensuelles jusqu’au delirium tremens et au plus stupide hébétement de Tristan et Yseult, gorgés de drogues aphrodisiaques, voici la Walkyrie, qui nous offre le tableau répugnant des amours incestueuses, compliquées d’adultère du frère et de la sœur jumeaux, fruits malsains d’une cascade galante du dieu Wotan, descendu de l’Olympe sur la terre pour rigoler avec les mortelles. »

Ainsi donc, après avoir été, pendant dix ans, sifflées au Cirque d’Hiver au nom de la mélodie, du goût, par des auditeurs routiniers qui ne les comprenaient pas, huées après la guerre par des énergumènes soi-disant patriotes, voilà les œuvres de Wagner les plus avancées, les moins conformes à nos habitudes lyriques, acclamées tous les dimanches, non par une poignée d’artistes comme jadis chez Pasdeloup, mais par le public élégant des abonnés de la rue Boudreau. Aussi, la consternation règne désormais dans le clan des wagnériens purs, cette admiration des profanes leur paraissant un empiétement sacrilège sur leur sacerdoce d’explicateurs jurés des rites de Parsifal et des symboles de