Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/332

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eût protesté contre la fatigue de pareilles auditions. Aujourd’hui, grâce à l’entraînement subi par lui, le public ne bronche plus. Il est de mode d’applaudir Wagner, il applaudit la Walkyrie avec des trépignements d’enthousiasme, ainsi qu’il aurait chuté, il y a dix ans, un fragment de la Tétralogie.

Quand on a mesuré l’intelligence de ce même public pour l’avoir entendu tenir des propos artistiques au Conservatoire, émettre des jugements littéraires aux soirées d’abonnement du Théâtre-Français, il est permis d’avoir peu de confiance en ce fanatisme récent pour une musique si décriée naguère. Heureusement, cette foule de néophytes de tout âge est encadrée par les habitués du pourtour, la vieille garde wagnérienne du théâtre du Château-d’Eau, qui compte des poètes, M. Maurice Bouchor[1], des littérateurs, MM. Éd. Rod, Élémir Bourges, M. Em. Hennequin, le pénétrant critique analyste, la plupart des compositeurs de la jeune génération, M. Gabriel Fauré, MM. Chabrier, Messager, H. Duparc, V. d’Indy, Cam. Benoît, Ernest Chausson, Mme Augusta Holmès, qui se sont déclarés les champions du wagnérisme au moment où leurs aînés en répudiaient les doctrines.

  1. Très bon musicien et sincère admirateur de Wagner, M. M. Bouchor a écrit sur la mort du maître un très beau sonnet qu’on trouvera dans l’Aurore, 1 vol. in-18. Paris, 1884, Charpentier.