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APPENDICE
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Mon cher Berlioz,


Lorsqu’il y a cinq ans, à Londres, la destinée nous rapprocha, je me vantais d’avoir sur vous un avantage, celui de comprendre parfaitement et d’apprécier vos œuvres, tandis que vous ne pouviez vous rendre qu’un compte imparfait des miennes, ne connaissant pas la langue allemande à laquelle mes conceptions dramatiques sont liées par une si intime connexité.

Je me vois forcé de me dépouiller aujourd’hui de ce modeste avantage. Depuis onze ans, je me trouve dans l’impossibilité de jouir de l’interprétation de mes propres œuvres, et je suis las d’être le seul Allemand qui n’ait point encore entendu une exécution de Lohengrin.

Ce ne sont ni des vues ambitieuses, ni des espérances de lucre qui m’ont décidé à demander à la France l’hospitalité pour mes ouvrages. J’ai été guidé par le seul espoir d’arriver à faire représenter ici mes drames lyriques avec paroles françaises et, si le public veut bien accorder un peu de sympathie à celui qui est obligé de prendre tant de peine pour parvenir à entendre enfin ses propres créations,