Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/347

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ce sujet, ainsi que la question puérile de savoir s’il est permis ou non de faire du néologisme en matière d’harmonie ou de mélodie.

Aujourd’hui, je vous l’avouerai, je suis presque tenté de regretter la publication de ce livre. Et si, comme je viens d’en faire nouvellement l’expérience, les critiques les plus instruits et les plus éclairés se laissent entraîner par les préjugés du dilettantisme ignorant jusque-là qu’en présence même de l’exécution d’œuvres soumises à leur jugement, ils s’obstinent à n’y voir que des choses qui ne s’y trouvent point, tandis que l’idée essentielle et fondamentale leur échappe, comment ai-je osé espérer que le philosophe artiste, le penseur esthéticien pût être mieux compris qu’il ne l’a été par M. Bischoff, de Cologne ?

Mais en voilà déjà trop long sur un tel chapitre. Je vous ai expliqué ce que c’était que la musique de l’avenir. J’espère que bientôt l’un et l’autre, dans des conditions tout à fait égales, nous pourrons nous comprendre réciproquement. Laissez cette France si hospitalière donner un asile à mes drames lyriques ; j’attends de mon côté avec la plus vive impatience la représentation de vos Troyens, impatience que légitiment triplement l’affection que j’ai pour vous, la signification que ne peut manquer d’avoir votre œuvre dans la situation actuelle de l’art musical et plus encore, l’importance particulière que j’y attache au point de vue des idées et des principes qui m’ont toujours dirigé.


Richard Wagner.