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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

Ingrat envers son protecteur, le roi de Saxe, Wagner, esprit révolutionnaire non-seulement en art, mais en politique, se mêla au mouvement insurrectionnel de 1848. L’émeute ayant été réprimée par les troupes prussiennes appelées à l’aide par le souverain, le révolté dut s’enfuir de Dresde ; mais, après quelques jours de repos passés chez Liszt, à Weimar, il trouva le moyen de passer en France. Il vint se réfugier à Paris, où « ses théories destructives, nous dit Mme Bernardini, parurent à ceux qui disposaient de la presse républicaine de nature à déconsidérer leur parti. » N’ayant pu trouver chez nous une tribune pour exposer ses idées révolutionnaires sur l’art et sur la politique, il alla rejoindre sa femme en Suisse. Il se fixa alors à Zurich pour y vivre ses années d’exil.

Liszt, toujours dévoué à la gloire de Wagner, s’employait pendant ce temps à faire connaître les œuvres du proscrit et, le 28 août 1850, grâce à son influence toute puissante à Weimar, comme maître de chapelle du duc, Lohengrin, terminé depuis 1847, fut représenté en grande pompe, à l’occasion des fêtes de l’inauguration de la statue de Herder. Gérard de Nerval, qui voyageait alors en Allemagne, assista à ces fêtes dont il adressa le compte rendu à la Presse (18 et 19 septembre 1850). Ces feuilletons ont pris place dans ses Souvenirs de Thuringe[1].

  1. Il avait vu, quelques jours plus tôt, représenter le Faust