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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

répandu sur le compte de Wagner toutes les idées les plus propres à effaroucher les admirateurs d’Auber et d’Halévy. Avec une grande habileté, il mit en relief ce qui, dans les tendances du compositeur, s’éloigne le plus de la forme conventionnelle de l’opéra français et, par des citations perfides empruntées aux publications déjà citées, sut éveiller les défiances innées de la routine à l’égard des théories novatrices. Pour être conçu à un point de vue absolument réactionnaire, ce réquisitoire n’en est pas moins l’œuvre d’un dialecticien retors, et la condamnation capitale qu’il prononce en termes académiques a une portée bien autrement sérieuse que les violences de la presse à l’égard de Tannhœuser en 1861.

Après avoir raconté très exactement la vie de Wagner dans une biographie qui a été plus ou moins copiée par tous les musicographes français Fétis s’élève contre cette aversion affichée par l’auteur de Lohengrin au sujet des œuvres classiques, consacrées par L’admiration, de cet héritage du passé qu’il appelle le monumental et, à cette assertion qu’une création de l’art ne peut convenir qu’au temps qui l’a produite, il oppose l’ambition même du musicien qui le porte à travailler pour l’avenir. Puis il examine successivement les divers plans d’opéras et les œuvres de Wagner et montre que « c’est toujours le sujet, ce sont toujours les développements poétiques qu’il lui donne dans sa manière de comprendre l’effet dramatique qui, d’abord,