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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

s’emparent de l’attention de Wagner. La musique ne se présente à son esprit que secondairement et seulement comme auxiliaire de l’expression. Il ne conçoit pas cet art dans sa toute-puissance indépendante et n’ayant d’autre sujet que l’imagination du compositeur. »

Comment expliquer un pareil asservissement de la musique à la poésie ? — « Les efforts de Wagner tendent à transformer l’art par un système, non par l’inspiration. Et pourquoi cela ? Parce que l’inspiration lui manque, parce qu’il n’a pas d’idées, parce qu’il a conscience de son infirmité à cet égard et parce qu’il cherche à la déguiser. »

Mais Wagner est allé plus loin ; il n’a pas voulu « que la poésie chantée fût un opéra, mais un drame. Il ne s’arrête pas là, car il supprime la mélodie et le rythme. » Fétis, à l’appui de cette affirmation, cite des extraits des œuvres théoriques de Wagner et s’indigne de sa prétention « d’être affranchi de la nécessité d’introduire violemment dans le drame les formes conventionnelles des morceaux de chant en usage dans les opéras. À partir de Rienzi, — c’est l’aveu même de l’auteur, — la mélodie des opéras modernes perdit toute prise sur lui. »

L’indignation du critique lui inspire ici une sortie virulente en faveur du chant. — « N’est-il pas la manifestation des émotions diversement modifiées de notre âme ? etc… Vous voulez, par la synthèse de l’intelligence et de la sensibilité, lui enlever ce qui le caractérise comme mélodie pure, pour