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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

sur les musiciens qui l’ont précédé. Nul n’a trouvé grâce à ses yeux, pas même Glück, « qui n’innova, ni dans l’air, ni dans le récitatif ». Beethoven et Berlioz ne sont pas plus épargnés. En résumé, l’histoire de la musique n’est pour R. Wagner que celle de l’impuissance et de l’erreur, les artistes mêmes auxquels il accorde des éloges s’égarent toujours en se dirigeant vers le but. C’est qu’il fallait bien que ce but eût été manqué par tout le monde, pour que Wagner le découvrît et y parvint. Tel est le secret de la publication des livres par lesquels il a voulu, d’une part, venir en aide à ses compositions infortunées et, de l’autre, se venger des succès d’autrui. »

Une comparaison très inattendue des tendances de Wagner avec la philosophie positive d’Aug. Comte, lui fournit la conclusion de son réquisitoire. — « M. Max Slirner, élève de M. Feuerbach, positiviste plus avancé que son maître, a publié, en 1846, à Berlin, un livre dans lequel il établit que l’homme ne doit avoir d’autre dieu que lui-même et qu’il doit s’adorer. Or, c’est là le terme final auquel est parvenu Richard Wagner. Il s’adore lui-même et résume en lui l’humanité. »

Fétis père

Après le manifeste de Fétis déclarant, au nom de la mélodie, la guerre à Wagner, à ses œuvres et à ses idées, il semblait difficile que l’art nouveau fût jamais admis en France. Cependant Wagner voulut