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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

le rapprocher du positif de la parole, et afin que l’expression ait autant que possible le caractère du vrai ! » — et cette rude apostrophe : — « Que ne laissez-vous parler ce drame au lieu de le chanter mal puisque c’est la vérité du langage que vous cherchez ? Entre la poésie et la musique, le ! partage égal est impossible ; il faut que l’une tue l’autre. »

D’ailleurs, ce prétendu novateur n’est même pas original et Fétis explique que, pendant son séjour à Weimar, en 1850, Liszt lui parla des œuvres de Wagner et lui recommanda vivement la lecture de ses partitions. « Je m’aperçus aussitôt, dit-il, de la parenté qui rapproche son style de celui de Weber. »

Aussi bien, « jusqu’à ce jour, il n’y a guère eu en Allemagne que des chutes pour Wagner. Cependant un parti se forme pour opérer une réaction en sa faveur. Les frères et amis ont convoqué tous les adhérents à un festival qui s’est donné les 21 et 22 juin (1852) à Ballenstadt, petite ville des montagnes du Hartz. » Liszt, à la tête de 500 exécutants, « a dirigé le premier concert où l’on a exécuté le Liebesmahl der Aposlel[1], sorte d’oratorio pour voix d’hommes, par Wagner. Cet oratorio a fait un fiasco solennel. »

Pour édifier ses lecteurs sur l’orgueil de Wagner, Fétis cite enfin quelques-unes de ses appréciations

  1. La Cène des apôtres a été composée à Dresde, en 1843.